Mars 2015

Par Brigitte LAHAIE – (ex Marraine de l’APPAS)

Franchement, en tant que personne valide, je n’étais pas fan pour côtoyer des personnes à mobilité réduite. Sportive mais aussi hyper dynamique, pour moi, la liberté passait forcément par le corps.

Puis, comme de nombreux cavaliers, j’ai été confrontée aux chutes douloureuses et aux séjours à l’hôpital. Durant ces périodes plus ou moins longues (suite à une jambe cassée, j’ai tout de même connu cinq mois d’immobilisation forcée), je me suis rendue compte que mon état d’esprit, malgré le handicap physique, restait toujours dynamique.

Sauf que, au lieu de galoper dans les champs, je galopais dans ma tête et ces périodes ont été très fructueuses en changement de cap dans mon existence. En quelque sorte, l’énergie qui ne circule pas par le corps circule dans notre tête. Je l’avais expérimenté grâce à la méditation mais c’est autre chose, la transformation intérieure est différente.

J’ai parfois des auditeurs qui connaissent le handicap et je suis ravie de les entendre s’exprimer car ils ont souvent une capacité d’élaboration psychique supérieure à la moyenne. Ainsi, comme le dit si bien Nietzche, «ce qui ne te détruit pas te rend plus fort ».

Les personnes en situation de handicap sont des êtres peut-être plus riches que les autres sur le plan humain, quand ils ont su dépasser leur épreuve.

Néanmoins, nous, personnes valides, nous sommes souvent gênées face à eux.

Cette gêne est normale car, nous sommes face à quelqu’un de différent et nous n’avons pas appris à gérer cette situation. Faire comme si nous n’avions pas remarqué, devenir un peu trop prévenant, faire preuve de pitié ou voire même ressentir une peur ou une angoisse diffuse ? Chacun fait comme il peut mais notre réaction est souvent un peu gauche et à n’en pas douter, celui qui est en face de nous doit s’en rendre compte.

Pourtant, ce qui fait la richesse des échanges humains, c’est plutôt la communication verbale. Qu’importe que notre interlocuteur soit laid, dans un fauteuil roulant, vieux ou malvoyant !

Les personnes en situation de handicap ont souvent bien plus à nous apprendre que la dernière vedette de téléréalité aux seins refaits ou ce joueur de foot devenu star en quelques mois.

Elles ont un vécu et elles sont aussi généralement plus dans la capacité d’échanger puisqu’elles ont appris à se connaître bien mieux que la plupart des gens.

Alors, la prochaine fois que vous aurez l’occasion de croiser une personne en situation de handicap, ne soyez pas gêné d’être gêné. Si vous croisez son regard, souriez comme on sourit à une belle âme. Il y a de fortes chances que vous ayez en récompense un sourire illuminé et si ce n’était pas le cas, alors vous aurez le droit d’avoir un peu de compassion pour cette personne qui n’a pas encore réussi à intégrer son handicap, sans doute encore trop récent…