Octobre 2017

Commençons par désacraliser le Tirelipimpon…

Lorsque de doctes savants se penchent sur le thème de la sexualité, il est tacitement question de prouesses et d’acrobaties ayant pour objet et parfois pour effet l’atteinte du graal des orgasmes synchrones des deux partenaires épuisés mais ravis…

Et si on redescendait sur terre ? Et si on revenait à une réalité plus simple ? Et si commençait par le commencement ? La découverte de la libido chez l’enfant puis l’adolescent débute systématiquement et pour tous par l’auto-érotisme. Quels que soient les mots employés, tout commence par le fait de se toucher le tirelipimpon. “Don’t knock masturbation. It’s sex with someone you love.” (« Ne te moque pas de la masturbation ! C’est faire l’amour avec quelqu’un qu’on aime… », Woody Allen, Dialogue du film Annie Hall, 1977.)

De beaux esprits prétendent que ces satisfactions organiques ne sont qu’un ersatz de sexualité laquelle devrait forcément et indissociablement être liée à l’affectivité.  Pourtant, « L’argument psychologique disant que le sexe avec amour est plus gratifiant que le sexe sans amour n’est pas vraiment fondé ». (Ruwen OGIEN, Philosopher ou faire l’amour, Grasset, 2014, p.241.)

Heureusement, notre société ne stigmatise plus la masturbation, reconnue comme une activité sans danger, et même épanouissante. C’est là que se manifeste la différence de situation entre celui qui peut se donner du plaisir seul et celui qui ne le peut pas en raison d’un handicap. Que l’on pense une seconde à ce jeune de 20 ans aux bras paralysés… A défaut de pouvoir se toucher, trois solutions s’offrent à lui. Supporter stoïquement l’abstinence, solliciter son entourage, recourir à un accompagnement professionnel.

Que ce soit assumé ou clandestin, explicite ou caché, c’est à l’entourage qu’il advient le plus souvent d’assouvir les expressions du désir sexuel de la personne en situation de handicap à domicile. Ceux qui ont participé à des conférences-débat sur le thème de la sexualité des personnes en situation de handicap ont tous entendu des familles témoigner de ces faits. Le Droit n’y trouve rien d’illicite entre majeurs consentants. La psychologie, s’interrogera longtemps encore sur les indicibles conséquences de cette forme de misère sexuelle… C’est alors qu’intervient la question de savoir si la satisfaction du désir sexuel de la personne en situation de handicap ne pourrait pas être dévolue à une personne extérieure aux proches, à un(e) professionnel(le), un (e) travailleur (euse) du sexe, à un (e) accompagnant (e) sexuel ?

S’il m’advient un jour de ne plus pouvoir me toucher le tirelipimpon, qui m’aidera ?

 » Ce sexe sans lequel, (…) le commencement de notre vie serait privé de secours, le milieu de plaisirs, et la fin de consolation. » Jean le Rond d’Alembert, Éloges lus dans les séances publiques de l’Académie française (1779), éloge de Marivaux.