— Edito de février 2020 par Marcel Nuss —
L’APPAS est passée de la pénombre au feu des projecteurs médiatiques, en l’espace d’une journée, grâce à Madame Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des Personnes Handicapées.
En effet, le dimanche 4 février, dans Le Grand Rendez-Vous, sur Europe 1, elle a fait le buzz en disant qu’elle est pour l’accompagnement sexuel. Pur calcul ou réelle volonté politiques ?
Seul l’avenir nous le dira. Néanmoins, il faut noter que Sophie Cluzel a fait son annonce-choc sans consulter préalablement les associations expertes dans ce domaine, du moins pas avec l’APPAS. Ce qui ne peut qu’accentuer le scepticisme. Pour le moment en tout cas, nous avons toutes les raisons très sceptiques. Médiatiquement, le buzz est en tout cas une réussite totale pour la secrétaire d’État et le président de la République, si c’était le but de l’opération. Car il faut modérer très fortement l’enthousiasme qui a surgi sur les réseaux sociaux, particulièrement Facebook. Non, rien n’est gagné, loin s’en faut.
Le temps que le Conseil Consultatif National de l’Éthique (CCNE) donne son avis, il faudra des mois puisqu’il a pour vocation de consulter toutes les parties prenantes, et ça prend du temps d’auditionner tout ce beau monde.
L’APPAS fera-t-elle partie des consultés ? Et, si l’avis est positif, on passera par
la phase d’élaboration et de présentation du projet de loi qui sera soumis aux parlementaires. Mais, si un avis favorable est probable, du fait de l’évolution des mentalités, que suggèreront les doctes éminences du CCNE ? Il est à craindre qu’elles optent en faveur d’une forme de médicalisation, comme ce fut le cas dans le premier avis donné en 2012, conseillant entre autres de former des aides-soignantes, des infirmières, des auxiliaires de vie, etc. Ce à quoi nous sommes clairement opposés, au même titre que les personnes en situation de handicap qui en ont assez d’être médicalisées, réduites à des malades, y compris dans leur vie intime et sexuelle.
Cela dit, nous n’en sommes pas là et les élections présidentielles arriveront, et nous changerons peut-être de président, et il faudra tout recommencer…
En attendant, pour le moment, et c’est loin d’être négligeable, nous avons été remis en pleine lumière médiatique grâce à cette opération de communication gouvernementale. En dix jours, nous avons été interviewés, voire filmés, pas plus de 70 médias venus de tous les horizons, même des États-Unis, d’Espagne et du Brésil.
Premier impact : le président de l’Inclusion en Marche, Olivier Paolini, macroniste de Narbonne, a
demandé à nous rencontrer ! Qu’adviendra-t-il de cette rencontre très intéressante de trois heures, étant donné que Monsieur Paolini est en contact direct avec Madame Cluzel ?
Autre impact produit par la secrétaire d’État : les farouches adversaires de l’accompagnement sexuel, antiprostitutionnel.le.s et féministes à l’intégrisme radical, n’ont pas tardé à sortir du bois pour clamer qu’ils et elles sont « fermement » opposé.e.s à la légalisation de ce type d’accompagnement. Ce qui n’est pas une révélation mais montre l’ampleur de l’intolérance qui sévit dans ce pays, de la part de gens faisant fi des Droits de l’homme et du citoyen et du droit à la santé sexuelle.
Si à l’APPAS, nous respectons la liberté de chacun, même celle d’être contre l’accompagnement
sexuel, l’inverse n’est malheureusement pas vrai, alors même que la plupart, si ce n’est tous et toutes les adversaires à cette pratique relevant de la prostitution, ont ou ont eu des rapports sexuels, peuvent se caresser, se toucher ou se masturber, n’ayant donc pas la moindre idée de la souffrance qu’endurent les personnes que l’APPAS accompagne sexuellement.
D’ailleurs que ces moralisateurs cessent de
mettre toutes les personnes handicapées dans le même sac, pour donner du poids à leurs arguments spécieux.
Dans tous les cas, c’est la preuve que l’APPAS est sur la bonne voie, celle de la défense des libertés individuelles, de la justice et de l’égalité de chacun.e, ce qui ne peut que nous encourager.
D’autant que nous n’avons jamais eu un tel afflux d’adhérents en si peu de temps (continuez S.V.P.), les demandes d’accompagnement sont montées en flèche, ainsi que les candidatures à la formation (plus de 100 personnes en quelques jours).
La route qui reste à faire sera encore longue et semée d’embûches. Donc patience, lucidité, et
détermination.