Novembre 2018

La sexualité est un vecteur incontournable de la santé…

Et ce n’est pas être révolutionnaire que d’énoncer cela, nous aurions peut-être besoin de revisiter notre histoire commune…

Il y a 45 ans en effet, en 1973, est traduit en France La femme de remplacement, de SCOTT Valérie X[1]. Cet ouvrage relate l’histoire d’une Thérapeute sexuelle au service des deux plus célèbres sexologues américains MASTERS et JOHNSON et présente de manière détaillée 9 accompagnements sexuels qu’elle a réalisés ponctuellement dans le cadre de sexothérapies visant à renouer avec un épanouissement sexuel.

Deux ans plus tard, l’OMS nous livre une première définition de la santé sexuelle présentée comme « l’intégration des aspects somatiques, affectifs, intellectuels et sociaux de l’être sexué, de façon à parvenir à un enrichissement et un épanouissement de la personnalité humaine, de la communication et de l’amour[2]. »

Cette définition de la santé sexuelle sera reprécisée en 2002 comme un état de bien-être physique, mental et social dans le domaine de la sexualité. Elle requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui soient sources de plaisir et sans risque, libres de toute coercition, discrimination ou violence.[3]

Elle ne saurait être réduite à l’absence de maladies, de dysfonctions ou d’infirmités.

La santé sexuelle exige une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences plaisantes et sécuritaires, sans coercition, discrimination et violence.

L’OMS poursuit en affirmant que pour réaliser la santé sexuelle et la maintenir, il faut protéger les droits sexuels de chacun, étant donné que l’exercice responsable des droits humains exige de chacun qu’il respecte les droits des autres.

Ces droits sexuels ne sont certes pas des droits opposables (droits créances), mais constituent des libertés fondamentales auxquelles nul.le ne saurait faire obstacle :

  • le droit de jouir du meilleur état de santé sexuelle possible grâce notamment à l’accès à des services médicaux spécialisés en matière de santé sexuelle et de reproduction
  • le droit de demander, d’obtenir et de transmettre des informations ayant trait à la sexualité
  • le droit à une éducation sexuelle
  • le droit au respect de son intégrité physique
  • le droit au choix de son/sa/ses partenaire.s
  • le droit de décider d’avoir une vie sexuelle active ou non;
  • le droit à des relations sexuelles et à un mariage sans coercition
  • le droit de décider d’avoir ou de ne pas avoir des enfants, au moment de son choix
  • le droit d’avoir une vie sexuelle satisfaisante, agréable et sans risque

La santé sexuelle va donc au-delà de l’absence de maladie. Il faut reconnaître et promouvoir le droit au plaisir sexuel de façon universelle, comme un élément de l’état de santé et de bien-être global.[4]

En janvier 2011, quelques-uns d’entre nous, membres du Collectif Handicaps et Sexualité créent l’association CH(S)OSE afin de « militer en faveur d’un accès effectif à la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap, notamment à travers la création de services d’accompagnement sexuel. »

Le choix du nom de cette association fait référence à un célèbre poème du 18ème siècle, de l’Abbé libertin Gabriel-Charles de Lattaignant : Le Mot et la Chose[5] ; nous voulions affirmer alors notre détermination farouche de passer des imprécations et des textes de sensibilisations et/ou de revendication à la mise en œuvre de réponses, concrètes et effectives, en réponse aux demandes plus que légitimes des personnes en situation de handicap, qu’elles aient fait le choix de vivre en établissement ou à domicile.

Désormais, il ne sera plus possible de laisser entre parenthèses la sexualité des personnes en situation de handicap.

Quelques années plus tard, en septembre 2013, fort du constat qu’il était fondamental que la gouvernance d’un tel projet soit confiée avant tout aux personnes concernées, elles-mêmes, et non à des associations « représentatives », Marcel NUSS, aux côtés de nombreuses personnes en situation de handicap, créait l’APPAS afin de permettre à toute personne en situation de handicap de faire entendre et connaître son désir d’être accompagné dans sa vie affective, sensuelle et/ou sexuelle[6].

La route a été semée d’embûches, mais force est de constater aujourd’hui les progrès immenses qui ont été réalisés grâce à l’APPAS, tant au niveau de l’évolution des mentalités que des actions concrètes réalisées depuis 5 ans : interviews, courts-métrages, documentaires, formations d’accompagnant.e.s sexuel.le.s, mises en relation de bénéficiaires, etc. Mais il y a également tout ce travail invisible de réponse à des mails ou des coups de fil de personnes concernées qui trouvent enfin une oreille en capacité d’écouter leurs demandes, sans jugement, afin de leur permettre d’élaborer des réponses à des demandes qu’elles ont (enfin) osé aborder.

Dans le cadre de cet éditorial, je ne développerai pas plus toute la richesse de ces réponses proposées, individualisées, et qui ne se limitent évidemment pas à l’accompagnement sexuel, mais contribuent à l’établissement d’une « bonne » santé sexuelle.

Je conclurai en évoquant ce qui me rend fier d’appartenir à cette association : c’est cette capacité d’empowerment[7] (empouvoirement) que je ressens fortement à travers l’implication de chacun.e de ses membres. Toutes et tous, nous luttons contre le validisme ou toute autre approche défectologique  où le handicap ne saurait être perçu que comme une difficulté ou un manque par rapport à une norme majoritaire et idéalisée d’un « être valide ».

Nous prônons que la diversité fait partie intégrante de l’humanité et que chacun.e est apte et légitime à définir par soi-même ses aspirations, à développer sa créativité et à mettre en œuvre ses propres solutions. Nous sommes les artisans et les expert.e.s de notre propre vie, dans toutes ses dimensions de participation sociale, y compris la dimension de la vie intime, affective et sexuelle, au même titre que tout le reste, ni plus, ni moins !…

Nous nous refusons à être restreint.e .s à de simples objets de soin, de compassion et de nous laisser dicter notre conduite comme d’éternels anges asexués.

Nous revendiquons haut et fort notre statut de Sujet : Sujets de droits effectifs,  Sujets de désir, à la fois désirants et désirables, et…

NOUS AUSSI, NOUS VOULONS JOUIR… DE NOS DROITS SEXUELS !…

François CROCHON[8],

Sexologue clinicien,

Enseignant et Formateur,

Cabinet Feuillants, Lyon

[1] SCOTT Valérie X., La femme de remplacement, l’histoire d’une thérapeute sexuelle au service des sexologues américains MASTERS et JOHNSON et le récit des neuf cas d’insuffisance sexuelle qu’elle a traités, Buchet Castel, Paris, 1973.

[2] WHO, Technical Report Series Nr. 572, 1975

[3] http://www.who.int/topics/sexual_health/fr/

[4] http://www.unmillenniumproject.org/reports/fullreport_french.htm

[5] Pour écouter ce poème : https://www.youtube.com/watch?v=iPBT2ArNkXI

[6] Entre autres , Cf. les statuts de l’association : https://www.appas-asso.fr/index.php/statuts/

[7] https://fr.wikipedia.org/wiki/Empowerment

[8] https://cerhes.org/francois-crochon/francois.crochon@cabinet-feuillants.org

1 réflexion sur “Novembre 2018”

  1. Schizophrène,une fois j etais tellement souffrant de pas avoir de l amour et ni de la sexualité alors un soir de déprime avec les hallucinations qui me tourmentées beaucoup,j ai avalé une boite entière de lexomil et je me suis réveillé après 2 ou 3 jours de coma dans ma chambre

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