Propos tirés du site XXIe SEXE
Masseur de métier, je suis aujourd’hui également accompagnant sexuel pour personnes handicapées et j’ai suivi la formation de l’APPAS en 2015. Depuis, je n’ai eu qu’une demande concrète, celle de Sylvie. Il faut dire que beaucoup plus d’hommes recourent, ou plutôt osent recourir à l’accompagnement sexuel.
L’association nous a mis en contact. Entre Sylvie et moi, ce sera un simple mais long coup de téléphone. Elle habite à Paris.
Elle voulait du sexe. Pas de l’affection. Sylvie est pleine d’entrain et en vient très vite à ce qu’elle attend de moi. Elle m’avait vu en photo et vidéo sur le site de l’APPAS. Je lui plaisais physiquement. Quant à moi, je n’avais aucune certitude. Ni de la désirer, ni d’avoir une érection. Mais je lui ai soutenu qu’on allait réussir. Je suis alors parti à Paris pour 24 heures.
Je suis arrivé la veille au soir. Ce n’était pas forcément une bonne idée après réflexion. Il était difficile de créer du désir dans un tel univers. Petit appartement dans un HLM et lit médicalisé de 90 cm de largeur : pas très glamour pour moi qui suis très sensible à la sensualité et au bien-être.
Nous avons tout de même fait l’amour des heures durant, en plusieurs fois. Un peu décontenancé au début, j’ai ensuite senti une chimie sexuelle avec elle.
Nous ne nous sommes pas embrassés une seule fois. Elle voulait juste sentir un homme en elle. Un homme qui la respecte. J’ai eu plus de plaisir avec cette femme qu’avec certaines bombes avec qui j’ai fait l’amour. Sylvie n’a pas les critères beauté du moment. Jambes non entièrement formées, très serrées, corps tordu, spasmes réguliers : seul le haut de son corps paraît intacte. Je reconnaissais l’anatomie d’une femme par sa poitrine, son sexe, mais c’était dur de la regarder au début.
La levrette est devenue notre position phare. Les malformations de Sylvie ne permettent pas toutes les positions. Je pense que je n’aurais jamais pu lui faire l’amour il y a dix ans, lâche-t-il, cela aurait trop traumatisant pour moi.
Sylvie m’avait demandé dès notre première conversation téléphonique de sucer son sexe. Elle avait peur. On l’avait forcé tant de fois. Elle n’avait jamais vécu cet acte comme beau, sensuel et complice. Nous y sommes allés tendrement. Pour la première fois, elle n’assimilait plus fellation à traumatisme.
Pour moi, c’était une première. Je n’avais eu alors qu’une formation de quatre jours. J’ai appris à ce moment que j’étais considéré comme prostitué et l’association comme proxénète puisqu’elle met en relation demandeur et offrant. J’ai découvert les handicaps et ce qu’ils induisent comme limite.
Dans mon métier, je réalise de l’aide psycho-corporelle. C’est comme aller chez le psy sauf qu’on travaille sur le corps, et non le psychique ou la parole. J’avais déjà entendu parlé des accompagnants sexuels. Mais seulement à l’étranger. Je n’accepte pas l’idée qu’on ne puisse pas aider les gens qui ont envie de faire l’amour, c’est terrible quand même !
Je suis prêt à aider tous les types de demandeurs. Avec le soutien de ma compagne. Tous deux libertins, nous ne croyons pas en la fidélité comme on l’entend ici au niveau culturel, sur le plan sexuel.
Je pense que j’aurais des difficultés avec un homme handicapé, je ne me sens pas encore prêt. » Je n’aime pas la violence. J’ai déjà du mal à claquer une fesse quand on me le demande.
J’ai souffert de ne pas pouvoir faire l’amour autant que j’en avais envie. Quand j’étais plus jeune, je n’étais pas un sex-symbol. Je n’avais pas de copine, j’avais besoin de sexe et je me masturbais deux fois par jour, minimum. Ce n’est pas pour rien que je suis devenu masseur.
L’accompagnement sexuel n’est qu’un pas de plus vers mon bien-être. Et vers celui des personnes handicapées.