Octobre 2014

Un an déjà !

Il y a un an est née l’APPAS. Un an déjà. Et nous n’avons pas chômé pendant ce temps. Nous en avons fait du chemin en 12 mois.

Nous avons près d’une centaine d’adhérents aujourd’hui ; plusieurs accompagnant(e)s sexuel(le)s collaborent avec nous dans certaines régions, pas suffisamment malheureusement, pour l’instant ; en septembre, nous avons dû reporter la première formation à l’accompagnement à la vie affective et sexuelle en France, la veille de son lancement, du fait d’un nombre trop important de désistements en dernière minute, mais ce n’est que partie remise ; cet automne, nous allons déposer une demande de subvention auprès de la fondation de France, avec pour objectif d’obtenir le financement d’une recherche-action dans le champ de la vie affective et sexuelle en milieu institutionnel ; nous allons collaborer, l’année prochaine, à un projet d’étude autour de la vie affective et sexuelle initié par l’association belge Aditi, auquel sera associé le SEHP, en Suisse ; nous mettrons en place un réseau de référent(e)s locaux(les) à partir d’octobre, etc. Enfin, nous avons été rejoints cet été par Gwendie qui, je l’espère, pourra devenir notre assistante à temps plein dès que possible, car ses compétences nous sont très précieuses pour continuer à évoluer et à mûrir.

Et où en est-on sur le terrain ? Nonobstant un silence toujours aussi étonnant chez les opposants à notre cause, grâce à l’APPAS, quelques femmes et hommes « handicapé(e)s » ont pu bénéficier d’un accompagnement sexuel avec bonheur, d’autres sont en attente car, dans leur région, il n’y a pas encore d’accompagnant(e) sexuel(le) ; cependant, les demandes sont relativement (encore) limitées. Pour quelle raison ? Dans le même temps, la majorité de mes interventions, depuis deux ou trois ans, ont pour sujet l’accompagnement à la vie affective et sexuelle des personnes handicapées, que ce soit dans des écoles de formation, des colloques ou des institutions. C’est donc devenu un thème « à la mode ». Il intéresse autant qu’il dérange, il suscite une réelle curiosité, autant qu’il provoque du rejet. Il reste entouré d’importants préjugés et d’idées reçues chez les futurs professionnels des métiers de l’accompagnement et du soin, notamment la crainte récurrente de devoir faire de l’accompagnement sexuel (surtout des masturbations) dans le cadre de leur travail, par manque d’informations correctes et fiables. Dans les colloques, la thématique est exponentielle ces dernières années, des associations et des organismes sociaux, médico-sociaux ou même médicaux, s’en emparent pour plancher dessus avec leurs adhérents et/ou collaborateurs, par souhait d’avancer ou pour être dans l’air du temps. Idem des institutions qui, comme je le constate régulièrement, font appel à mes services dans le but d’avoir une caution morale, de se donner bonne conscience et de se dédouaner : on a organisé un événement autour de l’accompagnement à la vie affective et sexuelle de nos résidents, on fait donc la preuve que cela nous tient à cœur, qu’on a le souci de la libido et de l’affect des personnes « à notre charge », qu’on a l’intention de faire quelque chose… dès que possible… Et, en fait, on se contente d’ergoter, de tergiverser, d’estimer qu’il est encore urgent d’attendre, après avoir laissé percer une lueur d’espoir faussement émancipatrice, le temps de m’avoir fait intervenir. Sauf que cela éveille des émulations, des encouragements, des interrogations et des rassemblements partisans qui risquent de faire boule de neige. Il me suffit d’entendre les réactions de certains auditeurs, résidents et professionnels, après mon intervention. La graine est plantée, malgré tout. Elle prendra le temps qu’il faut pour éclore. Et puis, il y a aussi par-ci par-là, de plus en plus nombreux, des établissements qui osent être à l’écoute des demandes et des attentes, en matière d’affectivité et de sexualité, des personnes qu’ils accompagnent et acceptent que l’accompagnement sexuel devienne une réalité dans leur établissement.

Qu’est-ce qui retient les récalcitrants ? Leur morale ? Une certaine idéologie ? De l’intégrisme ? La peur de la justice ? Un peu de tout cela ? Certes, il y a de l’hypocrisie et des craintes infondées derrière nombre de rejets (l’APPAS étant prête désormais à endosser le rôle d’intermédiaire entre l’accompagnant(e) sexuel(le) et les client(e)s en situation de handicap où est le risque ?), mais il reste également sur le sujet beaucoup de mésinformation et de désinformation, de méconnaissance voire d’inculture. D’où ma conviction que, après avoir passé une première année à construire les fondations de l’association, l’essentiel de notre engagement en 2015 devra porter sur la communication et la sensibilisation des professionnels et de la société en général. Sur le travail de terrain donc et les partenariats avec certaines associations hexagonales (non sujettes à la tentation de la récupération) et européennes. Ce qui implique de trouver les énergies, les soutiens et les moyens suffisants pour le faire…

Un an d’existence déjà pour l’APPAS. Mais nous ne sommes qu’au début… Et il reste tant à faire.